id 5870 Url https://iwac.frederickmadore.com/s/afrique_ouest/item/5870 Modèle de ressource Newspaper article Classe de ressource bibo:Article Id de collection 2214 Id du média 5885 20624 20625 Fichier média https://iwac.frederickmadore.com/files/original/bcd67b31dbad589421f5c7dd1b7803b844826c54.pdf https://iwac.frederickmadore.com/files/original/996c97d9f09e3336b5458ba6c6ba42cb0c278427.jp2 https://iwac.frederickmadore.com/files/original/d142a357368ce88446652427a4652b41ddf69d21.jp2 Titre "Islamistes" : ils n'auraient pas eu le choix de leur destination Créateur https://iwac.frederickmadore.com/s/afrique_ouest/item/1152 Ousséni Ilboudo https://iwac.frederickmadore.com/s/afrique_ouest/item/13463 Dédoui D. Paul Sujet https://iwac.frederickmadore.com/s/afrique_ouest/item/67 Islamistes algériens https://iwac.frederickmadore.com/s/afrique_ouest/item/114 Droits de l'homme https://iwac.frederickmadore.com/s/afrique_ouest/item/115 Violence Editeur https://iwac.frederickmadore.com/s/afrique_ouest/item-set/2214 L'Observateur Paalga Contributeur https://iwac.frederickmadore.com/s/afrique_ouest/item/858 Frédérick Madore Date 1994-09-02 Identifiant https://www.wikidata.org/wiki/Q114035661 Q114035661 Source https://iwac.frederickmadore.com/s/afrique_ouest/item/416 Institut de Recherche pour le Développement Langue https://iwac.frederickmadore.com/s/afrique_ouest/item/8355 Français Droits In Copyright - Educational Use Permitted Résumé Ceux qui ont eu le malheur de descendre à l'hôtel OK-INN depuis mercredi soir doivent sans cloute avoir éprouvé le sentiment d'être presque séquestrés . En effet, avec l'arrivée des Algériens expulsés de France, cet hôtel situé à la périphérie sud de la capitale et où sont logés nos hôtes, ressemble à s'y méprendre, à un Folembray prime, à cette différence près que théoriquement, les indésirés de Pasqua ont été accueillis ici à bras ouverts par les autorités burkinabè et sont libres de tout mouvement. Couverture spatiale https://iwac.frederickmadore.com/s/afrique_ouest/item/376 Ouagadougou Contenu Ceux qui ont eu le malheur de descendre à l'hôtel OK-INN depuis mercredi soir doivent sans cloute avoir éprouvé le sentiment d'être presque séquestrés . En effet, avec l'arrivée des Algériens expulsés de France, cet hôtel situé à la périphérie sud de la capitale et où sont logés nos hôtes, ressemble à s'y méprendre, à un Folembray prime, à cette différence près que théoriquement, les indésirés de Pasqua ont été accueillis ici à bras ouverts par les autorités burkinabè et sont libres de tout mouvement. Hier matin, il était 10 h 30 quand nous nous sommes rendus sur les lieux où une conférence de presse était prévue pour 12 heures. Les deux gorilles en civil qui gardent l'entrée principale du bâtiment, triant sur le volet les personnes qui voulaient accéder à l'intérieur, nous demandent poliment d'attendre sous les arbres où des confrères de France 2 nous avaient devancés. Finalement c'est à 11 heures 15 mn que la porte nous sera ouverte et nous avons eu l'occasion d'échanger avec quelques barbus avant que le Groupe des cinq délégués qui ont représenté leurs camarades (au total 20, dont une femme en tchador, et non 19 comme initialement annoncé) ne se prêtent aux questions de la presse d'abord nationale puis internationale (France 2, TF1, AFP entre autres). De cela il ressort que si les Islamistes remercient Blaise Compaoré, les autorités burkinabè et le peuple tout entier pour l'accueil chaleureux et fraternel qui leur a été réservé, ils n'ont cependant pas demandé leur expulsion pas plus au Burkina qu'ailleurs. Car, disent-ils, ils étaient surpris le mercredi matin à 6 heures quand un nombre impressionnant de policiers est venu les chercher de force. Du reste, certains des nouveaux pensionnaires de OK-INN n'ont connu leur destination que dans le Boeing 737 qui a décollé de la base militaire 112 de Reims alors qu'ils avaient engagé des recours contre notamment leur internement puis leur expulsion recours dont ils attendaient la suite. Deux des 20 expulsés qui auraient semble-t-il pris des avocats individuels, devaient en effet voir leur requête examinée hier même alors que le gros de la troupe défendu par maître Creuzillet (qui devait arriver incessamment à Ouagadougou) devait attendre le 15 de ce mois. Pour ainsi dire, kidnappés et enlevés par le gouvernement français, la mesure d'expulsion, soutiennent-ils, est illégale et viole le droit français en l'occurrence l'Ordonnance du 2 novembre 1945 qui régit le séjour des étrangers en France. Et de préciser: cette Ordonnance modifiée à plusieurs reprises dresse en quelque sorte la catégorie des personnes qui ne sont pas expulsables comme ceux qui ont résidé en France depuis plus de dix ans ou ceux qui ont des parents, des enfants français. Or, parmi les expulsés, plusieurs personnes remplissent ces conditions; il y en a même qui sont en France depuis plus de 20 ans. Par ailleurs d'autres sont étrangers à la cause algérienne tel le Marocain, ou n'ont aucun engagement politique. Notre expulsion est donc non seulement contraire au droit français interne mais aussi aux engagements internationaux de l'Hexagone à savoir la Convention européenne des droits de l'Homme qui prévoit dans son article 4 du protocole 4, l'interdiction des expulsions collectives dont nous sommes aujourd'hui victimes. Nos amis Islamistes donc seraient dans leur bon droit. Il est vrai que jusqu'à présent, l'opposition à la méthode Pasqua qui souffre selon le médecin Bernard Kouchner, ancien ministre socialiste de l'Action humanitaire, d'un accès de sécurité aiguë, est essentiellement venue des avocats et des milieux juridiques alors que le ministre de l'Intérieur se déclarait prêt à récidiver si le besoin se faisait sentir. En fait il s'agit là pour certains de pures manœuvres politiciennes visant à rassurer les populations dans la perspective des élections présidentielles de 1995, de politique ahurissante à la française comme disait un confrère français avec qui nous étions en communication hier après-midi. Ce ne sont pas des poseurs de bombe a-t-il déclaré. En tout cas, terroristes impénitents ou pas, ils sont là pour le moment sans savoir pour combien de temps, s'ils sont en transit vers d'autres cieux ou si éventuellement ils retourneront un jour au bord de la Seine. On ne peut pas y répondre pour le moment ont déclaré laconiques les conférenciers, précisant toutefois que les autorités burkinabè leur ont donné la possibilité de rester ou d'aller dans le pays de leur choix, qui serait bien entendu disposé à leur offrir le gîte et le couvert. En fait, s'ils se sentent bien ici et si certains n'excluent pas l'éventualité d'y rester, ils aimeraient cependant retourner en France où ils ont laissé femmes et enfants ainsi que leurs affaires qu'ils n'oublient pas. Mais sont-ils seulement prêts à repartir en Algérie, sous quelles conditions et sont-ils prêts à discuter avec les autorités algériennes pour un règlement pacifique du problème? Nous faisons partie, ont-ils dit, d'un mouvement structuré (Le FIS) qui représente la majorité du peuple algérien et nous ne pouvons pas prendre l'initiative d'engager un dialogue ou de ne pas le faire. Cette question relève de la compétence des responsables du mouvement qui sont sur place en Algérie. Quand on leur demande s'ils font partie du Groupe islamique armé (GIA) et s'ils pensent que la violence peut sortir l'Algérie du bourbier dans lequel elle s'est enlisée désespérément, ils éludent quelque peu la question en invoquant un problème assez complexe. Car disent-ils les élections du 28 décembre 1991 ont consacré trois partis et le peuple algérien dans sa majorité a donné sa confiance aux partis du Front islamiste du Salut. A ce moment-là, tout juste après le coup d'Etat et le refus des militaires de céder le pouvoir à la toge, l'opposition (dont le FIS) qui représene 97% des électeurs a accepté les résultats. Seuls les militaires et un parti qui représente 2,9% des voix (NDLR: sans doute le FLN) les a refusés. D'où le rejet de cette dictature par le peuple algérien. Si l'on en croit leurs assertions, sept camps de concentration auraient été installés dans le Sahara qui ont accueilli près de 30 000 déportés et le peuple algérien n'avait d'autre choix que de se battre. Et d'ajouter que comme dans la guerre de libération de 54-62, ceux qui luttaient pour leur liberté sont appelés des terroristes. Ironie de l'histoire donc, les intégristes qui ont à certains égards, tiré leur force de l'incurie et des errements de ceux qui ont dirigé le pays depuis l'indépendance, assimilent leur lutte actuelle à celle menée par le FLN contre le colonisateur français, un FLN qu'ils combattent aujourd'hui en même temps que ses soldats, si tant est que les deux soient dissociables. Car il n'y aurait qu'un mouvement de résistance populaire contre une dictature militaire mais pas de volonté délibérée du FIS de s'en prendre aux étrangers. L'Algérie, ont-ils expliqué, est en état de guerre et comme en de pareilles circonstances, il existe toujours des éléments incontrôlés. Toutefois le soutien supposé de la France au régime du général Liamine Zéroual est condamné. Le peuple algérien, clament-ils, n'accepte pas qu'un pays fût-il la France s'immisce dans ses affaires intérieures. Voilà donc les Burkinabè avec dans les bras un colis que le gentil Charles a bien voulu leur expédier d'autant plus gentiment qu'il finissait par être encombrant voire dangereux. Cependant la question se pose de savoir qui de l'expéditeur ou du destinataire va assurer les frais d'expédition et quelles dividendes le Burkina Faso a récoltées en échange de ce service purement humanitaire rendu certes aux islamistes mais aussi surtout à la France, pays des droits de l'Homme comme ironisait Saker Omar, le seul dés vingt compagnons d'infortune qui ait accepté de nous donner son nom. Hier matin en tout cas, le ministre Salif Diallo, chargé de mission à la présidence, flanqué des capitaines Boureima Kéré (l'aide du camp de Blaise) et Ouédraogo Ousseini ainsi que du directeur général de la Police nationale, Madi Pascal Tapsoba Himself, s'est rendu à OK-INN pour voir si leurs hôtes étaient bien. De ce côté il n'y a pas à se faire du mouron puisque les intéressés disent vivre dans de bonnes conditions. Mais s'ils sont libres de leurs mouvements, cela signifie-t-il qu'ils peuvent sur le sol burkinabè s'adonner à leurs activités politiques. Il serait d'ailleurs bon de savoir comment l'ambassade d'Algérie auprès du Burkina que nous avons contactée sans succès, apprécie ces largesses humanitaires de notre pays pour des gens luttant contre le pouvoir qu'il représente ici. Synthèse de Ousséni llboudo Dédoui D. Paul Photos Michel Bonkoungou --